La supervision d'équipe
Psychologue du travail, je vous propose quelques points de repère en lien avec la démarche de supervision d'équipe ; démarche que je mobilise sur Alès, Nîmes, Bagnols et le sud Lozère.
Définition de la supervision
Si l’Analyse des Pratiques est une démarche centrée sur la manière de produire son activité, la supervision est une démarche qui se centre quant à elle sur le vécu du travailleur en lien avec son activité.
Elle ne questionne pas le « comment je fais», mais davantage le « qu'est-ce que cela me fait ». Pour donner un exemple pratique en lien avec l'activité des travailleurs sociaux, l’analyse des pratiques mettra plutôt l’accent sur la manière d’accompagner la personne alors que la supervision sera questionnera davantage l’aspect relationnel entre le professionnel et l’usager.
En cela, la démarche de supervision amène à se questionner sur les valeurs, les priorités et les objectifs, les perceptions, les émotions, les processus de pensée,... que la mission confiée induit ou que le travailleur importe dans sa pratique.
La supervision propose d'instaurer un espace d'expression à même d'accueillir la parole des travailleurs confrontés à des situations questionnant leur rapport au travail et aux autres, leurs valeurs, etc.
Le cadre de la supervision permet aux salariés de repérer, de mettre en mots et d'interroger leurs émotions, pensées, valeurs, engendrées par l'activité afin de les aider à retrouver la juste distance et à adapter leur posture professionnelle. En faisant le point (repérage, acceptation) sur leurs atouts et leurs éventuelles fragilités, ils peuvent parfaire leurs modes d’intervention.
Supervision et travail social
La pratique de la supervision est apparue dans les collectifs de travail du secteur médico-social.
L'impact de l'aspect relationnel avec des situations souvent complexes, le questionnement fréquent sur le sens de certaines missions (en rupture avec la vocation première) ou encore un vécu complexe avec l'institution expliquent en grande partie cela.
En effet, les intervenants du secteur médico-social ont très tôt exprimé le besoin de participer à des espaces de parole pour faire le point sur ces relations qu’ils nouent au quotidien ou encore redonner du sens à leurs missions dans des contextes institutionnels ou politiques mouvants. La supervision d’équipe (ou supervision collective) fait partie de ces outils leur permettant de réfléchir à leur posture professionnelle vis-à-vis des usagers des institutions, mais aussi aux relations qu’ils entretiennent avec le reste de l’équipe ou leur institution.
Utilité de la supervision d'équipe
La supervision d’équipe poursuit différentes finalités :
Humaniser la vision du travail
La supervision permet d'enrichir la vision du travail en y réintégrant la dimension humaine. En cela, la supervision permet de reconnaître le salarié dans ce qu'il est. Tant dans ses souffrances, difficultés que dans ses valeurs et potentialités.
Partager un vécu commun
La supervision d'équipe permet de créer du lien en venant rompre le sentiment de solitude. Car le travailleur se sent souvent bien seul face aux missions qui lui incombent.
En « entendant », en reconnaissant une difficulté partagée par tout un collectif, on décentre le problème du salarié. On le décharge par la même de la culpabilité, du sentiment de faiblesse qu'il pouvait porter.
Prévenir les risques psychosociaux
La supervision, en proposant un espace de soutien et d’échanges dans un cadre bienveillant, permet l'expression, la reconnaissance et la prise en compte des souffrances silencieuses (stress, charge mentale, manque de personnel et de moyens financiers, etc.).
Non régulés, ces maux peuvent à la longue altérer le bien être du salarié, sa relation aux autres (collègues / clients / usagers,...) et plus globalement son travail.
Se retrouver Soi
La supervision permet aussi au professionnel d’apprendre à mieux se connaître ou à sa retrouver. C'est prendre le temps de s’interroger sur ses propres vulnérabilités et ses émotions que les relations avec le travail génèrent. C'est bien souvent à force de se perdre dans son travail, de s'y oublier, de ne plus se voir (ni sa fatigue, ni sa famille, ni ses valeurs,...) que le salarié peut basculer vers l’épuisement professionnel.
La notion de transfert
Le travail (surtout dans le domaine médico-social, mais pas uniquement) peut souvent confronter le salarié à son propre vécu. La relation au travail peut faire naître un certain nombre d’émotions, de souvenirs en lien avec son propre parcours, ses valeurs, ses croyances, ses convictions,... qui viendront influencer la manière de vivre et de produire l'activité.
La supervision permet de travailler sur cette notion de transfert, car le professionnel peut prendre conscience de cette charge émotionnelle qui l’habite, et apprendre à adapter sa posture professionnelle pour garder la bonne distance avec la personne qu’il accompagne ou la mission qu'il réalise. Il parvient ainsi à mieux définir ses limites.
La Supervision d'équipe en pratique
Quel est le nombre de séances pour arriver à un résultat probant ? Idéalement, la supervision d’équipe ne s’arrête jamais. Etant sans cesse en contact avec leur public, leur missions, leurs contraintes, un environnement mouvant... les travailleurs ont besoin de déposer leurs difficultés et souffrances tout au long de leur carrière. La supervision d’équipe est donc un accompagnement à long terme.