Cédric Mathon, psychologue du travail à Alès.

Supervision, Analyse
des Pratiques...
Petite approche comparative


Groupe de parole, Analyse des Pratiques, Groupe d’Analyse des Pratiques Professionnelles, Supervision... : la palette des outils est vaste ! Psychologue du travail intervenant sur le Gard (Alès, Nîmes, St-Ambroix) et le sud Lozère), je vous propose dans ces quelques lignes une mise en perspective des notions d'analyse des pratiques professionnelles, de supervision ou de groupe de parole.

Une confusion légitime

Les responsables d'établissement peuvent souvent être confrontés à la question de la dénomination la plus adéquate (et à la bonne pratique associée...) pour mettre en place un dispositif de professionnalisation fondé sur la réflexion collective (groupe de parole, analyse de la pratique, supervision).

Cette difficulté est d'autant plus fondée que ces différentes dénominations (analyse des pratiques, supervision,...) recouvrent des réalités hétérogènes. Ces dispositifs se distinguent par leur diversité méthodologique, leurs objectifs spécifiques et leurs fondements théoriques, ce qui rend difficile une définition unique et exhaustive. De plus, un même terme peut souvent correspondre à des descriptions différentes et, à l’inverse, des dénominations différentes peuvent renvoyer à des réalités semblables.

Certains, face à cette difficulté, peuvent parfois décider d'éviter de se positionner en créant de nouvelles appellations (groupes réflexifs, approfondissement des pratiques,...) ou encore nommer ces groupes de manière aléatoire ou en reprenant le terme préféré par les participants… sans en clarifier l'objectif.

Le groupe de parole

Comme son nom l’indique celui-ci vise l’expressivité des participants. Il n'implique pas nécessairement un objectif de formation (analyse des pratiques) ou un objectif de réflexivité (supervision). C'est avant tout un endroit pour « être autorisé à être pleinement soi ».

prestations Groupe de parole sur Alès et Nimes, Gard.

Le groupe de parole constitue un lieu privilégié où chacun peut exprimer librement ses émotions et ses difficultés. Il favorise le partage d'expériences et permet de se sentir moins isolé. Toutefois, il est important de souligner que l'expression libre des émotions ne suffit pas en soi pour apporter un réel soulagement. Un encadrement professionnel est nécessaire pour éviter les dérives et tirer pleinement parti de cet outil thérapeutique.

Les indications pour un tel groupe peuvent être de plusieurs ordres.

Destinés aux personnes exposées à des situations à haut risque de traumatisme, ces groupes offrent alors un espace de soutien et de partage. Ils visent à prévenir l'apparition d'un état de stress post-traumatique en permettant aux participants d'exprimer leurs émotions et de développer des stratégies d'adaptation.

Ces groupes peuvent également s'adresser aux personnes exerçant des fonctions importantes mais souvent peu reconnues (aidants familiaux, assistantes maternelles...) et qui manquent parfois de formation ou de soutien. Ils offrent un espace d'échange et de partage permettant de développer des compétences relationnelles et de renforcer le sentiment d'appartenance à une communauté.

Analyses des Pratiques VS Supervision

Les termes « Analyse de la Pratique » et « Groupe d'Analyse des Pratiques Professionnelles » sont assez proches et renvoient à la même pratique en insistant davantage pour l'un sur la place du collectif.

Je vais davantage tenter de préciser les différences entre ces approches et la supervision. Comment distinguer l'analyse de la pratique de la supervision ? Ces deux approches ont-elles des objectifs et des méthodes spécifiques ?

Une question de culture ?

Il existe une grande diversité terminologique dans le domaine de la supervision et de l'analyse des pratiques, qui s'explique en partie par des raisons historiques et culturelles. Ces différences de dénomination ne reflètent pas nécessairement des différences fondamentales dans les pratiques mises en œuvre. On observe ainsi que la supervision s'est particulièrement développée dans le champ médical, tandis que l'analyse de pratiques a été largement adoptée dans le secteur éducatif ou l'entreprise.

Des finalités proches

« La supervision et l’analyse de pratiques ont pour finalités le développement des compétences et de l’identité professionnelles ainsi que la compréhension et l’évolution de l’agir professionnel (dans le sens d’un accroissement de qualité et d’autonomie). Dans les deux approches, il peut y avoir une dominante, l’importance relative de l’une ou l’autre de ces finalités peut varier. Mais de manière générale, visées constructive et productive sont liées. En voici des exemples. » (Thiébaud, 2020).

prestations Groupe de parole sur Alès et Nimes, Gard.

La supervision et l'analyse de pratiques s'inscrivent dans une perspective d'apprentissage expérientiel, où les professionnels sont placés au cœur d'un processus de construction de connaissances à partir de leurs propres expériences. De manière générale, la supervision et l’analyse de pratiques peuvent s’exercer dans des configurations similaires (place du groupe,...).

Le rapport à soi

La supervision, souvent confiée à un professionnel de la relation d'aide, se distingue de l'analyse de pratique par son approche plus introspective. Elle permet aux professionnels d'explorer les dimensions inconscientes de leur pratique, notamment les émotions et les réactions suscitées par leurs interventions.

Tandis que la supervision explore les dimensions personnelles et relationnelles du professionnel, l'analyse des pratiques s'intéresse davantage aux actes posés dans le cadre de l'exercice professionnel. Elle vise à apporter un éclairage théorique sur ces pratiques et à en évaluer l'impact sur les bénéficiaires. L'analyse de la pratique adopte une perspective plus large, en s'intéressant aux pratiques elles-mêmes, aux théories qui les sous-tendent, et aux enjeux déontologiques. Elle peut se dérouler sous forme individuelle ou collective, en interne ou en externe.

Cette distinction entre l'individu et l'action pose de nombreux défis, notamment en ce qui concerne l'articulation entre les dimensions personnelles et professionnelles, entre la théorie et la pratique, et entre les différents niveaux d'intervention.

En tout état de cause, l'un des points communs entre ces deux concepts est l’indépendance du professionnel qui intervient, il n’appartient pas à l’institution, il vérifie l’adhésion des médiateurs au cadre proposé, il est tenu à une totale confidentialité.


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